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Acte I Scène 1
La gare du chemin de fer de Lyon, à Paris. – Au fond, barrière
ouvrant sur les salles d'attente. Au fond, à droite, guichet pour les
billets. Au fond, à gauche, bancs, marchande de gâteaux ; à
gauche, marchande de livres
MAJORIN, UN EMPLOYÉ DU CHEMIN DE FER, VOYAGEURS, COMMISSIONNAIRES
MAJORIN, se promenant avec impatience. - Ce Perrichon n'arrive
pas ! Voilà une heure que je l'attends... C'est pourtant bien aujourd'hui
qu'il doit partir pour la Suisse avec sa femme et sa fille... (Avec amertume.)
Des carrossiers qui vont en Suisse ! des carrossiers qui ont quarante mille
livres de rente ! des carrossiers qui ont voiture ! Quel siècle ! Tandis
que, moi, je gagne deux mille quatre cents francs... un employé laborieux,
intelligent, toujours courbé sur son bureau... Aujourd'hui, j'ai demandé,
un congé... j'ai dit que j'étais de garde... Il faut absolument
que je voie Perrichon avant son départ... je veux le prier de m'avancer
mon trimestre... six cents francs ! Il va prendre un air protecteur... faire
l'important ! ... un carrossier, ça fait pitié ! Il n'arrive toujours
pas ! on dirait qu'il le fait exprès ! (s'adressant à un facteur
qui passe suivi de voyageurs.) Monsieur, à quelle heure part le train
direct pour Lyon ?...
LE FACTEUR, brusquement. - Demandez à l'employé.
Il sort par la gauche.
MAJORIN. - Merci... manant ! (S'adressant à l'employé
qui est près du guichet.) Monsieur, à quelle heure part le
train direct pour Lyon ?...
L'EMPLOYÉ, brusquement. - Ça ne me regarde pas !
voyez l'affiche.
Il désigne une affiche à la cantonade à gauche.
MAJORIN. - Merci... (à part.) Ils sont polis dans ces
administrations ! Si jamais tu viens à mon bureau, toi !... Voyons l'affiche...
Il sort par la gauche.
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