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Les Fourberies de Scapin, 1671
Acte I - Scène 1 - OCTAVE, SYLVESTRE.
La scène se déroule à Naples

OCTAVE. - Ah ! fâcheuses nouvelles pour un cœur amoureux ! Dures extrémités où je me vois réduit ! Tu viens, Sylvestre, d'apprendre au port que mon père revient ?
SYLVESTRE. - Oui.
OCTAVE. - Qu'il arrive ce matin même ?
SYLVESTRE. - Ce matin même.
OCTAVE. - Et qu'il revient dans la résolution de me marier ?
SYLVESTRE. - Oui.
OCTAVE. - Avec une fille du Seigneur Géronte ?
SYLVESTRE. - Du seigneur Géronte.
OCTAVE. - Et que cette fille est mandée de Tarente ici pour cela ?
SYLVESTRE. - Oui.
OCTAVE. - Et tu tiens ces nouvelles de mon oncle ?
SYLVESTRE. - De votre oncle.
OCTAVE. - À qui mon père les a mandées par une lettre ?
SYLVESTRE. - Par une lettre.
OCTAVE. - Et cet oncle, dis-tu, sait toutes nos affaires ?
SYLVESTRE. - Toutes nos affaires.
OCTAVE. - Ah ! parle, si tu veux, et ne te fais point de la sorte arracher les mots de la bouche.
SYLVESTRE. - Qu'ai-je à parler davantage ? Vous n'oubliez aucune circonstance, et vous dites les choses tout justement comme elles sont.
OCTAVE. - Conseille-moi, du moins, et me dis ce que je dois faire dans ces cruelles conjonctures.
SYLVESTRE. - Ma foi ! je m'y trouve autant embarrassé que vous, et j'aurais bien besoin que l'on me conseillât moi-même.
OCTAVE. - Je suis assassiné par ce maudit retour.
SYLVESTRE. - Je ne le suis pas moins.
OCTAVE. - Lorsque mon père apprendra les choses, je vais voir fondre sur moi un orage soudain d'impétueuses réprimandes.
SYLVESTRE. - Les réprimandes ne sont rien, et plût au Ciel que j'en fusse quitte à ce prix ! Mais j'ai bien la mine, pour moi, de payer plus cher vos folies, et je vois se former de loin un nuage de coups de bâton qui crèvera sur mes épaules.
OCTAVE. - Ô Ciel ! par où sortir de l'embarras où je me trouve ?
SYLVESTRE. - C'est à quoi vous deviez songer avant de vous y jeter.
OCTAVE. - Ah ! tu me fais mourir par tes leçons hors de saison.
SYLVESTRE. - Vous me faites bien plus mourir par vos actions étourdies.
OCTAVE. - Que dois-je faire ? Quelle résolution prendre ? À quel remède recourir ?

Molière, 1622-1673

Proposition de Laure

Introduction

La pièce de Molière Les fourberies de Scapin, a été jouée pour la première fois à Paris au théâtre du Palais Royal le 24 mai 1671. La scène d'exposition est "In Medias Res" et présente une dispute entre deux personnages présents sur scène : Octave et Sylvestre (son valet).
Octave est surpris par l'arrivée inattendue de son père qui veut le marier (expression d'un premier conflit) ce qui le met dans une situation critique : il va retourner sa colère contre de son valet.
Nous allons voir, dans cette scène d'exposition, comment nous est présentée la situation de ces deux personnages et étudier leur relation puis, dans une deuxième partie, nous verrons quels sont les conflits engagés.

Développement :

1) présentation d'Octave et de Sylvestre et de leur situation
2) présentation et expression des conflits

Conclusion :

Nous constatons qu'Octave et Sylvestre sont bien embarrassés tous les deux pour de multiples raisons. Mais cela aboutit à la même conséquence : ils risquent tous deux d'être punis par le maître (père d'Octave) à cause du mariage secret entre Octave et Hyacinthe. Mais nous avons vu que ces punitions n'ont pas le même degré si l'on est maître ou valet...
Octave et Sylvestre vont demander l'aide de Scapin pour dénouer ce nœud. Scapin, rusé, sera la source de problèmes et de résolutions comiques entre tous les protagonistes.


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le Barbier de Séville, 1775
Acte I Scènes 1 - Le COMTE

Le théâtre représente une rue de Séville, où toutes les croisées sont grillées..

Le Comte, seul, en grand manteau brun et chapeau rabattu. Il tire sa montre en se promenant. — Le jour est moins avancé que je ne croyais. L'heure à laquelle elle a coutume de se montrer derrière sa jalousie est encore éloigné. N'importe ; il vaut mieux arriver trop tôt que de manquer l'instant de la voir. Si quelque aimable de la cour pouvait me deviner à cent lieues de Madrid, arrêté tous les matins sous les fenêtres d'une femme à qui je n'ai jamais parlé, il me prendrait pour un Espagnol du temps d'Isabelle... Pourquoi non ? Chacun court après le bonheur. I1 est pour moi dans le cœur de Rosine... Mais quoi ! suivre une femme à Séville, quand Madrid et la cour offrent de toutes parts des plaisirs si faciles ?... Et c'est cela même que je fuis. Je suis las des conquêtes que l'intérêt, la convenance ou la vanité nous présentent sans cesse. Il est si doux d'être aimé pour soi-même ! Et si je pouvais m'assurer sous ce déguisement... Au diable l'importun !

Acte I Scène 2 - FIGARO, LE COMTE caché.

Figaro, une guitare sur le dos, attachée en bandoulière avec un large ruban ; il chantonne gaiement, un papier et un crayon à la main.
Bannissons le chagrin,
I1 nous consume :
Sans le feu du bon vin
Qui nous rallume,
Réduit à languir,
L'homme, sans plaisir.
Vivrait, comme un sot.
Et mourrait bientôt
Jusque-là ceci ne va pas mal, hein, hein ?
Et mourrait bientôt...
Le vin et la paresse
Se disputent mon cœur.
Eh non ! ils ne se le disputent pas, ils y règnent paisiblement ensemble...
Se partagent... mon cœur.
Dit-on : se partagent :... Eh ! mon Dieu, nos faiseurs d'opéras-comiques n'y regardent pas de si près. Aujourd'hui, ce qui ne vaut pas la peine d'être dit, on le chante. (Il chante)
Le vin et la paresse
Se partagent mon cœur.
Je voudrais finir par quelque chose de beau de brillant, de scintillant, qui eût l'air d'une pensée. (Il met un genou en terre et écrit en chantant.)
Se partagent mon cœur
Si l'une a ma tendresse...
L'autre fait mon bonheur.
Fi donc ! c'est plat. Ce n'est pas ça... Il me faut une opposition. une antithèse :
Si l'une... a ma tendresse,
L'autre...
Eh ! parbleu, j'y suis
L'autre est mon serviteur.
Fort bien Figaro !... (Il écrit en chantant...)
Le vin et la paresse
Se partagent mon cœur
Si l'une est ma maîtresse,
L'autre est mon serviteur.
L'autre est mon serviteur.
L'autre est mon serviteur..
Hem, hem, quand il y aura des accompagnements là-dessous, nous verrons encore, messieurs de la cabale, si je ne sais ce que je dis... (Il aperçoit le Comte). J'ai vu cet abbé-là quelque part. (Il se relève)
Le Comte, à part — Cet homme ne m'est pas inconnu.
Figaro. —Eh non, ce n'est pas un abbé ! Cet air altier et noble...
Le Comte. —Cette tournure grotesque...
Figaro — Je ne me trompe point : c'est le comte Almaviva.
Le Comte.— Je crois que c'est ce coquin de Figaro.
Figaro. — C'est lui-même, monseigneur.
Le Comte. — Maraud ! si tu dis un mot...
Figaro. — Oui, je vous reconnais; voilà les bontés familières dont vous m'avez toujours honoré.
Le Comte. — Je ne te reconnaissais pas, moi. Te voilà si gros et si gras...
Figaro. — Que voulez-vous, monseigneur, c'est la misère.
Le Comte. — Pauvre petit ! Mais que fais-tu à Séville ? Je t'avais autrefois recommandé dans les bureaux pour un emploi.
Figaro. — Je l'ai obtenu, monseigneur ; et ma reconnaissance...
Le Comte. — Appelle-moi Lindor. Ne vois-tu pas, à mon déguisement que je veux être inconnu ?
Figaro. — Je me retire.
Le Comte. — Au contraire. J'attends ici quelque chose, et deux hommes qui jasent sont moins suspects qu'un seul qui se promène. Ayons l'air de jaser. Eh bien, cet emploi ?
Figaro — Le ministre, ayant égard à la recommandation de Votre Excellence, me fit nommer sur-le-champ garçon apothicaire...
Le Comte — Dans les hôpitaux de l'armée ?
Figaro. — Non ; dans les haras d'Andalousie.
Le Comte, riant — Beau début !
Figaro. — Le poste n'était pas mauvais, parce qu'ayant le district des pansements et des drogues, je vendais souvent aux hommes de bonnes médecines de cheval...
Le Comte — Qui tuaient les sujets du roi !
Figaro. — Ah, ah, il n'y a point de remède universel ... mais qui n'ont pas laissé de guérir quelquefois des Galiciens, des Catalans, des Auvergnats.
Le Comte. — Pourquoi donc l'as-tu quitté ?
Figaro. — Quitté ? C'est bien lui-même; on m'a desservi auprès des puissances :
l'envie aux doigts crochus, au teint pâle et livide.... [...]

Beaumarchais, 1732 - 1799

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