Présentation des oeuvres


[Antigone] [Dom Juan] [Lorenzaccio] [Ruy Blas] [Jacques et Son Maître] [Menu]

Antigone ANTIGONE.

Tragédie en prose de Jean Anouilh (1910-1987), créée à Paris au théâtre de l’Atelier le 4 février 1944, publiée en 1946.

Projet de l'auteur :

Anouilh met ici en scène une héroïne qui refuse de s’adapter aux contraintes et à s’accoutumer aux compromis. L’ambiguïté des réponses proposées par Anouilh plaça d’emblée cette pièce, malgré son succès, au cœur d’une polémique : la victoire finale de Créon semble lue, par la censure des occupants allemands, comme une justification de l’ordre.

Synopsis :

Au lever du rideau, le Prologue présente au public les personnages qui vont interpréter la pièce en décrivant à grands traits leur caractère ; ils sont onze en tout qui s’éclipsent au fur et à mesure pour laisser la scène vide. La tragédie d'Antigone peut alors commencer.

Lors du dénouement, Antigone ne sera pas sortie de sa logique butée, de ses provocations et de ses insolences à l'endroit de Créon. Créon finit par appeler ses gardes. Antigone dicte à l'un d'eux une lettre pour Hémon, dans laquelle elle avoue ne plus savoir pourquoi elle meurt. Le messager racontera sa mort : enterrée vivante dans un tombeau, au lieu d’attendre la mort, Antigone a choisi de se pendre et Hémon s’est jeté sur son épée. À l’annonce de la mort de son fils, Eurydice, en silence, s’est aussi tranquillement coupé la gorge. Créon, resté seul avec son petit page, se rend au Conseil pendant que les gardes continuent à jouer aux cartes.

"Leçon" ? :

Antigone "réclame simplement "tout et tout de suite" comme une justice parce qu’elle ne croit en définitive qu’à l’éternité du présent, refusant un passé chargé de meurtres et d’incestes et un avenir promis au charlatanisme de la philosophie, du stoïcisme à la Créon par exemple.

Finalement, le sacrilège, aux yeux de Créon, consiste moins à braver une loi qu’à vouloir soi-même dégager l’itinéraire de son propre malheur, et y trouver sa dignité en se donnant l’illusion suprême de la liberté. Pour Antigone, vivre consiste à "dire non", et à ne pas vouloir comprendre, pour échapper définitivement aux sophismes qui justifieraient un bonheur à la petite semaine. Jusqu’au bout, bien qu’elle ait reconnu l’inanité de ses actes, Antigone, en définitive bourrelée de doutes, obéira à sa nécessité intérieure " (J.-M. THOMASSEAU in le "Dictionnaire des œuvres littéraires de langue française.").

Début de page

Dom Juan DOM JUAN

DOM JUAN ou le Festin de Pierre. Comédie en cinq actes et en prose de Molière, pseudonyme de Jean-Baptiste Poquelin (1622-1673), créée à Paris au théâtre du Palais-Royal le 15 février 1665, et publiée en 1682.

Projet de l'auteur :

Les dévots de la Compagnie du Saint-Sacrement se scandalisent contre le Tartuffe et font interdire la pièce… Dans l'histoire de Dom Juan, Molière va trouver un sujet très à la mode pour se moquer et exaspérer ses adversaires en montrant du doigt encore une fois ce qu'est la tartuferie même s'il doit, par précaution, châtier Dom Juan.

Synopsis :

Au lever de rideau Dom Juan est absent. Sganarelle, son valet, va nous dresser un portrait ambigu de son maître en expliquant à Gusman quel est "le pèlerin" : il vient d’abandonner Elvire, la dernière de ses épouses. Seule la conquête l’intéresse.

Au dénouement, suite à de nombreuses aventures (tentative d’enlèvement d’une jeune fiancée, séduction de Charlotte et de Mathurine, fuite devant douze hommes qui le recherchent, aide portée à un homme - Dom Carlos frère d'Elvire - attaqué par des brigands, invitation de la statue d'un défunt jaloux - tué par ses soins - à dîner…) qui sont autant d'affronts contre "le Ciel", la statue du Commandeur plonge l’impie en enfer.

"Leçon" ? :

"L’histoire de Dom Juan est celle d’une double traque où peu à peu le chasseur est réduit au rôle de gibier".

(G. FERREYROLLES in le "Dictionnaire des œuvres littéraires de langue française").

Début de page

Lorenzaccio LORENZACCIO.

Drame en cinq actes et en prose d’Alfred de Musset (1810-1857), publié dans Un spectacle dans un fauteuil en 1834

Projet de l'auteur :

De la vanité de l'action politique ? Lorenzaccio est un drame romantique dans toute son ampleur : " l’histoire d’une conscience tourmentée au sein d’un univers historique précis et foisonnant" (Court-Perez) foisonnant quant à la langue, aux personnages et aux décors.

Musset plus intéressé par la langue que par la politique met en scène ici le discrédit de la scène politique : les insurgés des Trois Glorieuses ne ressembleraient-ils pas aux républicains de 1537 ?

Synopsis :

Au lever de rideau, le duc Alexandre de Médicis attend impatiemment, avec Lorenzo - son cousin et entremetteur - une jeune fille "à moitié payée". L'action se passe un soir dans un jardin de Florence…
Au dénouement, alors que les sentiments patriotiques de la bourgeoisie comme du peuple n'ont cessé d'être agressés par les agissements de ce pouvoirs dévoyé (Salviati, Cibo…), alors que Lorenzo aura affirmé son engagement républicain et tué le Duc, rien ne bouge à Florence… Lorenzo, abandonné de tous, se laisse assassiner…

"Leçon" ? :

Lorenzo est proche de l’anti-héros du XXe siècle et assez loin du héros romantique (Ruy Blas). Pour lui la politique est pure vanité. Le meurtre d’Alexandre est un acte gratuit !

"Lorenzo incarne l’impossible pureté ; il ne redeviendra plus jamais le pur adolescent qu’il était (thème autobiographique récurrent), et un geste "théâtral" ne résoudra rien ; "Songes-tu que ce meurtre, c’est tout ce qui me reste de ma vertu ?", dit Lorenzo à Philippe." (F. COURT-PEREZ in le " Dictionnaire des œuvres littéraires de langue française").

Ruy Blas RUY BLAS.

Drame romantique en cinq actes et en vers de Victor Hugo (1802-1885), créé à Paris au théâtre de la Renaissance le 8 novembre 1838, et publié la même année.

Projet de l'auteur :

"Après la bataille d’Hernani, Hugo s’efforce de s’attirer un public tant bourgeois que populaire. L’échec de Le roi s’amuse, le triomphe de Lucrèce Borgia, que Marie Tudor ne confirma pas, le succès d’Angelo convainquent les auteurs-phares Dumas et Hugo de créer un théâtre où le drame romantique serait chez lui. Le théâtre de la Renaissance sera ce lieu, et, pour son ouverture, Hugo écrit Ruy Blas." (G. Gengembre)

Synopsis :

Au lever de rideau, le spectateur découvre un riche salon dans le palais du roi, à Madrid. Don Salluste de Bazan, disgracié par la reine d’Espagne, Doña Maria de Neubourg, médite sa vengeance : il va alors se servir de son valet Ruy Blas "Ver de terre amoureux d’une étoile". Il le présente à la cour comme son cousin César et lui ordonne de plaire à la Reine et d’être son amant

Après avoir été reconnu par la reine comme son mystérieux amoureux, Ruy Blas (portant toujours le nom de Don César) va vivre une ascension politique qui ne manquera pas de créer quelques jalousies (Don Guritan).

Au dénouement, Don Salluste croit tenir sa vengeance ("Ah ! vous m'avez cassé ! je vous détrône moi.") : dans une chambre retirée où il a fait venir la reine, il prétend la faire abdiquer et l'obliger à fuir avec Ruy Blas ("Vous gagnez le bonheur, si vous perdez le trône"). Mais celui-ci révèle qui il est à la reine. Révolté (enfin !) par tant d'ignominie, le domestique tue Don Salluste ("le démon ne peut plus être sauvé par l'ange") et avale un poison car la reine dit ne pouvoir lui pardonner. Il meurt dans les bras de la Reine, qui lui pardonne et l’appelle Ruy Blas.

"Leçon" ? :

La préface du drame expose la loi du genre : il "tient de la tragédie par la peinture des passions, et de la comédie par la peinture des caractères", et son projet : la pièce met en scène la scission de la noblesse, née de la décadence monarchique. Le peuple, incarné en Ruy Blas est le dépositaire de l’honneur, de l'amour, de l’autorité et de la charité.

Début de page

JlFetSM Jacques et son maître.

Comédie "hommage à Diderot" en trois actes et en prose de M. Kundera, créé à en 1981, et publié en 1993.

Projet de l'auteur :

"Jacques et son maître n'est pas une adaptation ; c'est ma propre pièce, ma propre variation sur Diderot, ou bien, puisque conçue dans l'admiration, mon "hommage" à Diderot. […] mais aussi un hommage au roman en essayant de prêter à ma comédie cette liberté formelle que Diderot-romancier a découverte. " (M. K.). L'élévation du sentiment au rang de valeur est une dangereuse imposture.

Synopsis :

Au lever de rideau, les spectateurs par leur présence déconcertent deux personnages : Jacques et son Maître. Passée cette surprise, ils vont ensuite entamer une discussion philosophique ou l'histoire des amours de Jacques

Au dénouement, après avoir raconté bon nombre d'histoires et rencontré nombre de personnages (Bigre, Justine, St Ouen, Mme de la Pommeraye…), le maître, seul en scène, croit avoir perdu Jacques. Ils se retrouvent, découvrent qu'ils ne peuvent "pas vivre l'un sans l'autre". Ils ne savent toujours pas où ils vont si ce n'est "en avant".

"Leçon" ? :

Cette pièce "qui est une variation sur Diderot est en même temps un hommage à la technique des variations, de même que l'a été, sept ans plus tard, mon roman le livre du rire et de l'oubli" (M. K.), est encore un dialogue entre Kundera et Diderot, un dialogue entre deux genres - le théâtre et le roman. - grâce à une mise en scène dédoublée qui recrée l'univers du "Jacques le Fataliste et son maître" : "la répétition est une manière de rendre la frontière visible" (Jan in le livre du rire et de l'oubli) ; Jacques et son maître n'est surtout pas un "rewriting".