Vocabulaire d'analyse pour l'image.

Intention pédagogique :

Aborder la complexité et la polysémie de l'image et reconnaître que cela est au moins aussi difficile que la maîtrise de l'abstraction de l'écrit...
En accord avec les IO (citations du BO, n° 25, 22 juin 1995) "cette étude représente l'aboutissement d'une initiation à la réception, l'analyse et l'interprétation de l'image, commencée dès le début de la scolarité de collège".
Comme pour l'étude d'un film, l'étude d'une BD permet de faire "acquérir les notions techniques élémentaires (plans, angles de prise de vues, cadrages, mouvements de la caméra)" et d'initier à la syntaxe du montage en montrant comment l'auteur, dessinateur ou "réalisateur imprime une progression et un rythme au déroulement" de son récit "par la longueur respective des séquences, par la lenteur ou la rapidité des plans à l'intérieur de chaque séquence, par l'ordre et la succession des plans".
Étudier une BD nous permettra d'entrer dans l'étude de l'énonciation filmique sous cette triple perspective :

• la sémiologie de l'image arrêtée ("photogramme") :

- le cadrage, qui dépend de l'échelle des plans (en ce sens, il s'agit des plans d'ensemble, moyen, américain, rapproché, gros plan, insert), des angles de prise de vues (plongée, contre-plongée, position de face, de trois quarts, de profil, etc.), de la profondeur de champ (avant-plan, arrière-plan, premier plan) - les codes de l'esthétique picturale (l'éclairage, les filtres, la couleur, etc.)

• la sémiologie de l'image mobile (simulation du mouvement en BD) :

- les mouvements de caméra (panoramique, travelling, zoom, etc.).

• Le montage qui assure la dimension temporelle du récit par l'enchaînement des plans et des séquences :

- les relations entre séquences (linéarité, analepse ou flash-back, prolepse, ellipse, etc.
- l'agencement des plans à l'intérieur des séquences (montage en parallèle, montage alterné)
- les frontières entre plans et séquences : fondus (au noir, fondu enchaîné), raccords (dans l'axe, dans le mouvement, raccord-regard, raccord sonore, etc.), montage cut, etc.
- les changements de points de vue (caméra subjective, objective ; prise de vues frontale, latérale), de même que le son (voix in, off, musique, chant, bruitage, etc.).

Terminologie élémentaire :

(cf. BO cité)

1. Le cadrage

• Les champs

- Le champ est l'espace que l'objectif délimite lors de la prise de vues.
- Le contrechamp est la portion d'espace complémentaire de la précédente. Par exemple, si la caméra filme la scène d'un théâtre, le contrechamp montre le public vu de la scène.
- Le hors-champ comprend tout ce qui se passe hors du cadre, par exemple ce que voit ou entend un personnage, sans que le spectateur puisse voir ce que voit le personnage.

• L'échelle des plans

- Plans de décor :
le plan de grand ensemble afin de montrer l'ensemble d'un décor, une vue spacieuse du paysage.
le plan d'ensemble (ou plan général) permet de montrer l'ensemble d'un décor, d'un paysage, dans lesquels peuvent être intégrés de petits personnages. Il est surtout utilisé dans les scènes d'action, mais aussi pour montrer, par exemple, la solitude d'un personnage dans un paysage désert.
le plan de petit ensemble permet de présenter le personnage dans son environnement. Il propose au spectateur à la fois des données objectives générales et des situations psychologiques particulières.

- Plans de personnages :
le plan moyen présente le personnage en pied. Il permet, alors que le décor reste important, de décrire le personnage, son attitude, son costume... Son rôle est multiple dans la mesure où, selon le contexte, son effet varie : simple introduction du héros ou d'un protagoniste, menace, humour, attente...
le plan américain prend le personnage un peu au-dessus des genoux (plan italien aux genoux). Il est très utilisé, par exemple pour organiser une conversation entre deux personnages.
le plan rapproché cadre le personnage à la ceinture (plan rapproché large ou mi-moyen ou demi-rapproché) ou à la poitrine (plan serré). Il entraîne une appréhension plus intime du personnage, de sa situation morale, psychologique, de ses intentions, de son caractère.
le gros plan cadre le personnage au visage. Il supprime les distances, favorise le rejet ou l'identification, trahit les sentiments et les émotions, met en évidence un objet.
l'insert ou très gros plan, focalise, comme une loupe, l'attention sur un objet, un geste, une expression, un détail significatif qui occupe soudain tout l'espace de l'écran : il crée souvent une dramatisation.

• Les angles de prise de vues

Ils sont définis par l'emplacement de la caméra.
- L'angle normal est le plan pris d'un point d'observation à la même hauteur que le sujet : le décor ou les personnages sont alors présentés comme dans la norme.
- La plongée est le plan pris d'un point d'observation plus élevé que le sujet. Elle permet de décrire de vastes décors et de donner une idée des mouvements et des déplacements des personnages (ou autres sujets). Elle peut aussi avoir une valeur psychologique propre : les personnages vus en plongée paraissent toujours plus ou moins dominés, écrasés, d'où l'idée d'infériorité suggérée par cet angle de prise de vues.
- La contre-plongée est le plan pris d'un point d'observation se situant plus bas que le sujet. Elle possède une valeur psychologique contraire à celle de la plongée. Impression de majesté, de supériorité ou de puissance, d'arrogance ou de mépris.
- La caméra subjective, correspondant au point de vue d'un personnage (focalisation interne), montre ce qu'est censé voir ce personnage.

• Les directions : face, dos, profil droit ou gauche, 3/4 gauche ou droit...

2. Les mouvements de caméra

- Le panoramique est le mouvement de la caméra (simulé dans la BD) qui pivote horizontalement (sur son axe de droite à gauche, de gauche à droite) ou verticalement (vers le haut ou vers le bas). Il est descriptif s'il décrit le décor où va se dérouler l'action. Il est dit d'accompagnement s'il suit le déplacement des personnages et s'arrête avec eux. Un panoramique filé est un panoramique utilisé pour joindre deux portions d'espace, mais dont la vitesse empêche la perception de l'espace intermédiaire.
- Le travelling est le mouvement par lequel la caméra se déplace dans le décor. Il peut être avant (on s'approche du personnage), arrière (on s'éloigne du personnage afin de redonner de la profondeur de champ), d'accompagnement (on suit le déplacement du personnage), latéral (il décrit latéralement un décor ou une action).
- Le zoom est un travelling optique réalisé à l'aide de l'objectif-zoom, sans déplacement de la caméra (mêmes effets).
- Effet stromboscopique...
Les mouvements de caméra et les déplacements des acteurs dans le cadre entraînent des modifications de l'échelle des plans au cours d'une même prise de vues. Le passage, par exemple, d'un plan moyen initial d'un personnage à un gros plan du même personnage doit être analysé au même titre que les mouvements de personnages décrits dans un texte.

3. Le montage

Une histoire peut être racontée selon différents types de montage : - le montage chronologique, qui s'attache au déroulement chronologique de l'action
- le montage par retour en arrière (analepse ou flash-back), où l'action est coupée de retours sur des actions antérieures
- le montage parallèle, qui juxtapose des actions éloignées dans le temps ou l'espace
- le montage alterné, qui juxtapose des actions simultanées
- le montage cut, ou coupe franche, qui fait se succéder plusieurs plans de façon abrupte, avec effet comparable à celui de l'asyndète. Les raccords et les fondus, au contraire, peuvent assurer l'enchaînement de plans ou de séquences
- le montage leitmotiv, retour régulier d'un thème souvent symbolique autour duquel l'action s'organise.

Vocabulaire pour la BD :

• Une Planche : c'est à peu près une page
• Une vignette : une image, un cadre qui contient un dessin : un petit tableau synthétique représentant la réalité à un moment donné.
• Le ballon ou bulle ou phylactère : là où le texte prend sa place et représente les paroles du discours direct. L'auteur peut en choisir la forme : le texte fait image, sa forme est un signal, sa spatialisation en est un autre.
• L'appendice du ballon : souligne la profération et fait l'économie des "je dis", "dit-il"... Il a au moins deux formes : en nuages ou en lignes.
• Certaines vignettes sont à parole-zéro. Elles "parlent d'elles-mêmes" et se passent de discours.
• Le cadrage : notons que si le cinéma ne possède qu'un cadre (l'écran) unique, la BD a la possibilité de faire varier le sien en fonction de son sujet
• Les hiatus nomment l'espace entre deux vignettes. Ces blancs marquent soit la coordination, soit la rupture narrative (temporelle, spatiale, spatio-temporelle).
• Les espaces récitatifs ou diégétiques précisent les modalités spatiales ou temporelles du récit ("Quelques heures plus tard")
• Une séquence comme au cinéma, renvoie à une unité de temps et d'action
• Le dénouement obéit au finalisme de tout récit : "la ligne de chance du récit se trouve orientée tôt ou tard du côté qui convient" (P. Fresnault-Deruelle) par finalité marchande et/ou culturelle
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