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Le Sommeil du monstre
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Le texte :


Le Sommeil du Monstre, Enki BILAL, 1998
Copyright exclusif © Les Humanoïdes Associés S.A.

Dénouement (explicit ou excipit) provisoire (tome 1 d'une trilogie annoncée) :

Le texte ; Références : p.68 à p.70)

GT

NIKE - Bonjour... Je cherche Leyla Mirkovic-Zohary... May be that's You ?...
LEYLA - ...Et vous, sous êtes Nike Hatzfeld... C'est vous qui avez appelé...

vignette

NIKE - Je vous dérange peut-être ?...
LEYLA - Vous tombez mal... Je suis en train de perdre mon père...
NIKE - Désolé... Gravement malade ?...
LEYLA - Non, gravement heureux.

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AMIR - Sacha !?
Baisse cette arme, Sacha !
Sacha !

vignette

J 1... J'ai de la lumière dans les yeux. Je ne vois rien. Je me souviens, je ne vois rien... Mais j'entends des sons, violents. Certains mécaniques, c'est le bruit des bombes, d'autres organiques, c'est le cri des hommes... Les deux conjugués sont synonymes de morts. Je le découvre ce jour 1, un jour de pilonnage aveugle, le jour de ma naissance...
J'entends aussi une voix, la plus douce des voix, qui me parle, qui me parle, mais qui s'éloigne, qui s'éloigne... Suis-je arraché à cette voix, ou l'est-elle à moi ? Celui qui court et me porte est mon père, et celle que je n'entendrai plus jamais était ma mère.. Un coup de feu dans "Sniper Alley", et c'est la chute...

Vignette Texte

 

 

AMIR - Je vais m'approcher doucement... Et tu vas me montrer ta mouche... Une mouche "Sacha" contre un thon "Amir"...
D'accord ?
On va faire du sashimi together...

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NIKE - Nous ne sommes pas au complet... Mais je vais raconter l'histoire...
Ça commence comme un conte...

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NIKE - Je me souviens... J'ai dix-huit jours et I remember les grosses mouches noires et l'air tiède de l'été qui s'engouffre par les trous béants de l'hôpital. à dix-huit jours, je peux reconnaître le souffle de l'air du souffle des bombes, et un tir de mortier d'un tir de T.34... à dix-huit jours, je sais que je suis orphelin et qu'on m'appelle Nike... à ma gauche dans le même lit, Amir, un jour de moins, dort, et à ma droite, Leyla, la cadette, dix jours à peine, braille... Eux aussi sont orphelins, mais ils ne le savent pas. Je suis l'aîné , et je jure sur les étoiles qui brillent au-dessus du plafond envolé, de les protéger toujours...

Vignette Texte

Début

Proposition de plan pour une lecture analytique :

Plan 1

Commentaire "composé" pour l'oral.

Début

Proposition de Nicolas

Excipit (Pages 68, 69, 70)

Avec l'excipit, nous sommes à la fin de la première partie de la trilogie. Après différentes péripéties, Nike rencontre enfin Leyla qui assiste à la mort de son père. Amir, après avoir échappé à la folie de Warhole est pourchassé par son amie Sacha qui est à son tour attaquée par le système d'autodéfense de la voiture d'Amir. Amir tente donc de retrouver Sacha pour lui rendre son caractère humain (la "désinstrumentaliser" dirait E. Bilal).
Dans la fin de cette bande dessinée, on assiste à quatre récits différents entremêlés. Le premier concerne Leyla et Nike, le second relate la rencontre Amir-Sacha, le troisième raconte la mort du père de Leyla et le dernier récit est le récit de la vie de Nike.
En quoi cet excipit conclut-il ce premier épisode de la trilogie ?
C'est ce que nous étudierons à travers les deux centres d'intérêt suivants : premièrement nous verrons les trois retrouvailles différentes dans cet excipit, puis la symbolique des animaux dans ce passage.

Lecture du texte

I) Une scène de retrouvailles
Les retrouvailles des différents personnages sont entremêlées c'est-à-dire que les différentes scènes sont elles-mêmes coupées : la rencontre Nike-Leyla est coupée par la rencontre Amir-Sacha, elle-même interrompue par la mort du père.

1) La rencontre tant attendue de Leyla et de Nike
Tout d'abord, nous assistons à la première rencontre entre Leyla et Nike. Cette première rencontre se déroule dans un cadre presque idyllique. En effet, on voit pour la première fois, un ciel complètement bleu, sans aucune trace des chasseurs qui surveillaient Leyla (cf. le second incipit). On aperçoit les étoiles et le coucher de soleil. Tous ces éléments font partie d'un fort cliché romanesque : la première rencontre amoureuse.
Cependant, cette rencontre est néanmoins rendue originale par sa beauté et le ton mélancolique de Leyla qui assiste à la mort de son père. ( pour le ton mélancolique et pour le dialogue :
- « Vous tombez mal... Je suis en train de perdre mon père. »
- « Désolé... gravement malade »

et cette réponse inattendue de Leyla sous la forme d'un oxymoron : - « Non. Gravement heureux. » )
Nike apparaît ici comme dominateur. Nike est toujours droit avec sa veste sur l'épaule tandis que Leyla est penchée avec la tête inclinée ( et ) et son regard tombe dans le vague de la mélancolie.
Même sur la dernière vignette de la page 70 : Nike paraît encore dominateur (il est au premier plan) mais, dans une attitude beaucoup plus "décontractée". Tout le rouge disparaît des yeux des personnages, mais peut-être pas les larmes dans les yeux de Leyla...

2) La rencontre idéale : le père de Leyla avec les étoiles.

Ici, cette rencontre relève de l'idéologie du vieillard. En effet, le père fêtant ses 102 ans se libère des attaches de la vie terrestre (renaissance symbolique ). Le père ayant recouvré la vue, décide de mourir dans l'espace et d'admirer les étoiles, lui, qui durant toute sa vie, a lutté contre les injustices humaines (conflit au Proche et Moyen-Orient).
« S'élever dans le ciel », a une signification relativement symbolique. En effet « s'élever dans le ciel », c'est se rapprocher de Dieu, ainsi que du repos éternel, retrouver une forme de liberté.

3) Des retrouvailles mouvementées : Sacha - Amir !

Après avoir été attaqué par des « novices », Amir essaie de retrouver Sacha parmi les trois assaillants.
L'image montre donc Amir s'approchant de Sacha . Sur les vignettes suivantes , il se retrouve en face d'elle : seule survivante, elle menace Amir de son arme tremblante (graphisme particulier ).
Amir tente d'empêcher Sacha de tirer sur lui en lui parlant. Les retrouvailles se font aussi dans un désert, mais celui-ci est glacial, près de la base de Warhole et des « trois premiers ». On passe donc d'un désert relativement accueillant à un désert hostile. La nous montre la dernière tentative d'Amir pour « désinstrumentaliser » Sacha et d'annihiler la mouche qu'elle porte sur elle en la récupérant : il propose d'échanger « la mouche Sacha contre le thon Amir ».
La mouche de Sacha, symbole du mal, fait partie des animaux présent dans cet excipit avec Minicat, les thons, et les deux lézards.

II) La symbolique des animaux

1) Les mouches, symboles de la destruction et de l'« instrumentalisation ».

On aura noté durant toute la Bande Dessinée la présence importante des mouches. Les mouches sont « les ouvrières de dieu ». Elles représentent l'arme suprême de Warhole dans son projet de destruction du monde et de la liberté humaine (Cf. Les Mouches de Sartre ou les Euménides dans l'Électre de Giraudoux).

2) Les lézards : symboles du bien et du mal.

Les lézards présentés dans les vignettes ( et ), représentent l'image du bien et du mal. On le voit par les couleurs : le rouge représentant le mal et le noir, représentant ici le bien. Nous pouvons déterminer cela par la dernière vignette page 70 lorsque Minicat tue le lézard rouge. Donc on peut déduire que le bien et le mal se battent (V. 1) et que le mal l'emporte (V. 4). Lorsque Minicat, le sauveur, tue le lézard noir (emblème de l'O.O.) qui avait anéanti le lézard rouge de la vignette 1. On peut en déduire que le bien triomphe(ra) finalement du mal.

3) Minicat, symbole de l'ange gardien.

Minicat est un personnage récurrent qui, tout au long de la Bande Dessinée, va être l'ange gardien de Nike. Notamment lorsque Minicat surgit pour le sauver de la mouche. Ici Minicat joue encore l'ange gardien. Il est présent pendant les trois premières vignettes de la page 68 ( et ) sur l'épaule de Nike. Il écoute et surveille les faits et gestes de Nike ainsi que des deux lézards.
C'est à la dernière vignette que Minicat donne un souffle de liberté en tuant le lézard symbole du « mal » ( ).

4) Le thon, symbole (interne) de l'Amour entre Amir et Sacha.

Le thon est l'image d'un lien très fort entre Amir et Sacha. En effet les retrouvailles, au début de la Bande Dessinée, s'effectuent grâce à un thon que ramène Sacha pour fêter leur nouveau travail. Ici, dans ce passage, Amir tente de ramener Sacha à leur réalité en lui proposant d'échanger sa mouche contre le Thon. Le thon est donc ici un instrument pour reconquérir Sacha.
La présence des animaux dans cet excipit est donc très importante et induit une grande symbolique servant à tirer une « leçon de morale » sur l'importance du bien, du mal, de l'amour et de la justice.

III) Conclusion
Nous avons montré que cet excipit est une scène de retrouvailles et de repos. On fait ici une pause dans le récit. Nous sommes dans l'excipit de la Bande Dessinée de la première partie d'une "trilogie annoncée". On ne peut parler d'un "explicit" car rien ne nous est indiqué explicitement sur la résolution des intrigues engagées.
La fin du récit consiste en une reprise, pour Leyla, de la vie de Nike et de ses souvenirs. On attend donc une suite car il manque encore une personne sur le sable avec Leyla et Nike : il manque Amir que Nike a promis de « protéger » (cf. l'incipit). Celui-ci est en mauvaise posture face à Sacha prête à tirer sur lui.
L'intrigue politique reste entière...
Le suspense demeure... Le lecteur (celui qui a aimé cette forme de récit riche et complexe) vous attend Monsieur Bilal !

Schéma heuristique (Nicolas)

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