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Maupassant Guy de (1850-1893)

1- En quelques dates :

1850

Naissance de Guy de Maupassant de Laure Le Poittevin et de Gustave de Maupassant à Fécamp

 
1859

La famille Maupassant quitte la Normandie pour Paris, où Gustave a dû prendre un emploi à la banque. Ses frasques amoureuses entraînent leur séparation : Laure se retire à Étretat, avec ses deux fils.

 
1866

Guy sauve de la noyade le poète anglais Swinburne. Cela lui inspirera quelques contes

 
1872

Obtient un emploi subalterne au ministère de la Marine et s’inscrit en deuxième année de droit.

1873

Parties de canotage sur la Seine le week-end. Il rédige des contes, et Flaubert le guide.

1875

Il fréquente Mallarmé, Flaubert, Huysmans et Zola.

1875

Publication d’un conte macabre, "la Main d’écorché"

1877

Il présente un conte le Donneur d’eau bénite sous la signature de GUY DE VALMONT.

1880

Guy comparaît devant le juge d’Étampes pour outrage à cause de son poème Une fille. Troubles oculaires et cardiaques. Mort de Flaubert.
La publication de Boule-de-Suif le rend célèbre.

1881

publie la Maison Tellier.

1883

Publication d’Une vie

1885

Achat du yacht le Bel-Ami
Bel-Ami
d’abord publié en feuilleton

1887

le Horla, la seconde version de la nouvelle.

1888

Pierre et Jean et sa préface (écrit théorique).

1889

Voyage en Italie et premiers graves problèmes de santé

1891

Guy ne peut plus écrire, tant sa santé se détériore. Alternent dépression et grandes périodes de fatigue. Les premières atteintes de la paralysie générale lui causent de véritables tortures.

1893

6 juillet, mort de Guy de Maupassant

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2- Un auteur, un livre.

Comme Georges D., Maupassant (1850-1893) est un petit fonctionnaire sans fortune aux goûts dispendieux. Comme Georges il affrontera la douleur de la page blanche, et trouvera une aide précieuse dans son entreprise littéraire : elle se nomme Flaubert dans la réalité et Madeleine Forestier dans la fiction.

Lorsqu'il écrit Bel-Ami, il cherche à traduire ce qu'il appelle "l'humble vérité" à travers une écriture de conteur (il est un des maîtres du conte : Les Contes de la Bécasse, 1884, et plus de 260 nouvelles). Mais, comme dans tous ses romans (Une Vie, 1883 ; Bel-Ami, 1885 ; Pierre et Jean, 1888 ; Fort comme la mort, 1889 ; Notre cœur, 1890) il porte ce regard noir sur la société de son époque et choisit le ton du roman réaliste : "une vision personnelle du monde qu'il cherche à nous communiquer en la reproduisant dans un livre [...] avec un scrupuleuse ressemblance" . Norbert de Varenne, en ce sens, est un peu son porte-parole quand il exprime ce profond pessimisme qui touche Maupassant : peur de la solitude ( I 6, II 4), hantise de la mort (I 6, 7, 8).

Maupassant connaît bien le monde de la presse. Depuis 1881, comme Duroy, il a une intense activité journalistique (il travaille pour quatre journaux). Bel-Ami nous offre une peinture bien pessimiste de cette presse vouée aux affaires : Walter fonde un journal "pour soutenir ses opérations de bourse", et La vie française n'est qu'un journal d'argent, La Plume un organe surtout diffamatoire (I 4, 6, 7.). Tout n'est que théâtre : la politique, la religion, la famille bourgeoise ne respectent pas leurs valeurs : Duroy en profite (voir la fin du roman : une thé&acirc:tralisation du mariage et du concubinage !).

Maupassant comme Bel-Ami a été ce jeune dandy robuste qui a des liaisons féminines courtes mais nombreuses, ce bon gestionnaire, sachant faire fructifier cette fortune gagnée grâce à sa production littéraire et à ses articles de presse appréciés et vendus très chers.

Maupassant est ce même voyageur qui va trouver sa famille en Normandie ou son amie en Provence et qui tremble, hanté par la présence continuelle de fantômes. En 1887 Le Horla rendra compte plus profondément de ces (ses) hantises ; en 1885 l'image de Charles Forestier trouble la vie de Georges Duroy dans le roman.

Maupassant laisse poindre les contradictions de cette société qui ne s'indigne plus mais où l'on explique, où l'on cherche les causes avec "une indifférence absolue pour le crime lui-même" (I 2) ; il laisse entrevoir l'antisémitisme latent (I 4) de cette société dans laquelle éclatera l'affaire Dreyfus.

Maupassant croit peut-être à cette mission de l'écrivain en s'interpellant lui-même à travers Georges Duroy : "Vous, Monsieur, que votre talent élève au-dessus des autres, vous qui écrivez, qui enseignez, qui conseillez, qui dirigez le peuple, vous avez une belle mission à remplir, un bel exemple à donner." (II 10).


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3- Conclusion : un projet naturaliste ?

Le naturaliste devra dire le vrai

non pas dire la vérité

. Cela signifie que l'auteur doit raconter une histoire à laquelle peut croire le lecteur et traiter d'une vérité générale (qui peut s'appliquer au groupe social étudié) afin d'être crédible.

Ce roman permet une approche de ce que pouvait être la vie des classes hautes de la société en France à la fin du siècle dernier (projet didactique). Mais cette vision est probablement déformée (vision personnelle) par rapport à la réalité, à cause de la perception étrange que Maupassant avait du monde qui l'entourait. Georges du Roy est impliqué dans une tranche de vie (projet narratif) très rigoureuse : un roman d'apprentissage...

Maupassant démontre, avec Bel-Ami, que le romanesque complète et sert le naturalisme scientifique parcequ'il donne "l'illusion du Vrai" sans être un simple compte rendu d'observations dont on ne tirerait aucune leçon.

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