La description...
Problématiques
Les enjeux du récit et le texte de type descriptif.
Le récit rapporte des événements vécus (ou non) réels ou non. Un récit met en place un cadre spatio-temporel dans lequel s'opère un processus de transformations au service d'un projet d'auteur (ou de lecteur) : distraire, informer, expliquer, témoigner, convaincre
Le texte descriptif (un passage romanesque par exemple) mettra en scène une description (ou un portrait) afin de "donner à voir", mais donner à voir quoi ? On reconnait cinq fonctions à la description...
Cette problématique littéraire présente donc :
- une cohérence formelle (synchronique) autour de l'étude de la description en soi
- une cohérence culturelle (diachronique) : la description inscrite dans une histoire (un projet) littéraire.
Ainsi, deux savoirs fondamentaux complémentaires sont ici à mobiliser :
- une maîtrise du langage analytique propre aux conditions de ce genre.
- une culture littéraire (textes et contextes).
Les fonctions de la description
(l'auteur décrit avec une intention...) :
On reconnait cinq fonctions à la description :
- Informative (fonctions esthétique, mimésique ou référentielle, mathésique ou didactique) :
la description informe sur les qualités de l'espace (romanesque) comme pour faire un tableau et donner ainsi (plus ou moins) l'illusion du réel, voire, pour transmettre un savoir authentique au lecteur.
- Narrative (ou sémiosique) :
elle ne sert plus une réalité externe au récit mais une réalité interne au récit : un lieu devient un personnage à part entière ou sert un personnage (par métaphore, comparaison...). Ainsi dans le début et la fin de Bel-Ami, les deux lieux par comparaison montrent l'ascension sociale du personnage "qui a réussi".
- Symbolique :
interne ou externe au récit, la description dit aussi "autre chose". Le lieu ou l'objet décrit est susceptible de valeurs morales, psychologiques, mythologiques qui s'ajoutent au sens premier de l'uvre. Ainsi les mouches dans Le Sommeil du monstre (E. Bilal) font partie intégrante du réseau des mouches (ou érinyes) rencontrées chez Sartre, Giraudoux ou Escchyle...
- Artificielle (voire "irréférentielle") :
la description est au service de la seule description ! Elle est là soit pour satisfaire un défi (l'auteur veut réaliser une prouesse d'écriture : l'étal de fromage dans Le Ventre de Paris) ou afin d'enrayer l'illusion référentielle (nouveau roman).
Ainsi les descriptions ne sont jamais gratuites : elles servent à placer le décor (effet de réel) ou, assumée par un personnage, elles donnent des informations sur lui-même et sur sa façon de regarder le monde...
Dès le XIXe siècle "La description n'est plus un énoncé complémentaire de la narration, elle tend à prendre la place de la narration et à se confondre avec le roman qu'elle transforme en étude."
Objets d'étude :
Afin d'analyser la description on peut encore faire des remarques sur :
- son organisation (ordre, commutativité des phrases, plan, cadrage, profondeur de champ) et l'effet produit
- le rôle et la pertinence du regard (objectivité, subjectivité) et donc s'interroger sur la valeur du référent.
- la relation narrateur / lecteur virtuel, entre l'auteur et son lectorat.
- l'importance et le sens des comparaisons
- le racontable et l'indicible (création du fantastique)
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